Avec Jim Capobianca (co-scénariste américain des films d’animation Le Roi lion et Ratatouille), Pierre-Luc Granjon dans son premier long-métrage raconte dans une technique d’animation minutieuse et originale la dernière partie de la vie du génie que fut le toscan Léonard de Vinci.
LEO, LA FABULEUSE HISTOIRE DE LEONARD DE VINCI de Jim Capobianco et Pierre-Luc Granjon, Irlande/Etats-Unis, 2023, 1h37. Film d’animation à partir de 8 ans.
Critique de Chantal Laroche Poupard, SIGNIS France
Ce film se caractérise par une grande créativité dans le style et l’écriture que soulignent des techniques d’animation différentes comme le dessin animé en 2 D et surtout l’animation en stop motion (image par image), création artisanale pour tenter d’être fidèle à l’éclectisme du génie qu’était Léonard, artiste-inventeur. Le réalisateur a dû recourir à nombreux métiers et faire appel à des artisans, des sculpteurs, des costumiers en passant par des animateurs car »Léonard était aussi un artisan du spectacle », organisateur de fêtes.
Ce film d’animation et d’aventures demande quelques prérequis pour en savourer les références historiques : Léonard est né en 1452, première amorce du début de la Renaissance en Europe et il sera excommunié pour avoir voulu découvrir les secrets du corps humain en disséquant des cadavres pour dessiner l’anatomie du corps afin de comprendre les secrets de l’âme. Mais le roi de France, François I l’invite à la cour de France car il est sidéré par ce génie.
Tout au long de cette fabuleuse histoire à la cour de France, Léonard est accompagné de ses fidèles compagnons. Admiré par la mère du roi, Louise de Savoie, il s’entend très bien avec la sœur, Marguerite de Navarre, elle-même écrivain, philosophe sensible à l’art et à la poésie. Le Maestro se plie à l’ambition du jeune roi, qui lui confie le soin d’effectuer les plans de somptueux châteaux dont celui d’Amboise. Il le charge également de mettre en scène des spectacles extraordinaires pour épater les cours d’Europe ainsi que le roi Henri VIII ou l’empereur Charles de Habsbourg dit Charles Quint.
Les réalisateurs présentent quelques-unes des œuvres majeures du maestro comme La Joconde ou Portrait de Mona Lisa, (que le roi va acquérir) ou L’Homme de Vitruve, fameux dessin à la plume et à l’encre sur papier, représentant un homme dans deux positions superposées, les bras et les jambes inscrits simultanément dans un cercle et un carré symbole universel de proportions idéales.
La conception artistique de ce film d’animation est extrêmement soignée et scandée par des chansons réjouissantes autour de décors superbes. Le film met en scène des figurines minutieusement confectionnées et habillées de façon raffinée, en costumes d’époque : les hommes portent chemises à manches bouffantes et cols fraise surmontés de broderies, les femmes des robes à décolleté couvert par une gorgerette avec broderies et bijoux. Elles sont coiffées d’une résille perlée dite escoffion, enveloppant les cheveux.
Cette réalisation remarquable de Jim Capobianco et Pierre-Luc Granjon qui fait appel à nombreux métiers a été présentée en première mondiale en compétition officielle au Festival international du film d’animation d’Annecy 2023. La sortie du film en France a été doublée de l’exposition pédagogique Léo, Les coulisses du film d’animation, présentée au château du Clos Lucé à Amboise, dernière demeure de Léonard de Vinci.
Chantal Laroche Poupard