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MEMOIRES D’UN ESCARGOT d’Adam Elliot

Au fil de son enfance, Grace voit sa famille disparaître et les épreuves la conduire inexorablement vers la solitude, jusqu’à l’arrivée d’une véritable amie, pleine de joie et de fantaisie. Une histoire triste mais pas désespérée, racontée à l’aide d’une superbe animation.

MEMOIRES D’UN ESCARGOT d’Adam Elliot. Australie, 2024, 1h34. Films d’animation pour adultes et adolescents. Cristal du Festival international du film d’animation d’Annecy 2024.

Critique de Magali Van Reeth, SIGNIS France

Adam Elliot fait partie de ces réalisateurs dont on reconnaît immédiatement le style dès la première image : des personnages en pâte à modeler, de couleurs sombres, au physique volontairement peu aimable, avec de grands yeux expressifs, racontent leurs histoires. Des récits de vie difficile, de maladies, de deuils mais surtout des récits où les personnages arrivent à s’extraire de leur univers déprimant pour une belle libération, une célébration des bonheurs de l’existence.

Mémoires d’un escargot est racontée en voix off, celle de Grace et de son frère jumeau, de son père handicapé, de ses rêves abandonnés, de sa collection d’escargots et surtout, de la séparation avec ceux qu’elle aime et de l’énorme solitude qui s’en est suivie. Une vie difficile à supporter et que vient égayer Pinky, vieille dame excentrique, aussi ridée qu’un bas mal enfilé, le seul personnage à porter des couleurs vives, et qui donnera à Grace les clés pour sortir de sa cage de douleurs.

Les décors sont fascinants, on aimerait s’arrêter plus longtemps sur chaque détail, du plus petit paquet de céréales au moindre bibelot en forme d’escargot. Intérieur de maison ou ambiance de rue, chaque image de ce film est fascinante. Tout a été façonné à la main, d’après les dessins d’Adam Elliot, séquence après séquence, scène après scène, chaque émotion donnée par une expression différente des figurines. Puisque Grace récite son histoire, il y a peu de dialogues et le réalisateur a accordé un soin particulier aux sons, à la musique et aux voix des personnages. La plupart sont des acteurs australiens et on a la surprise de découvrir Dominique Pinon dans le rôle du père.

Mémoires d’un escargot est un film d’animation destiné aux adultes. Pour le jeune public, l’histoire est dérangeante par la tristesse et la solitude extrême qu’elle évoque mais aussi par les écueils rencontrés dans cet itinéraire de vie et mis en scène avec pudeur : dépression, alcool, manipulation, pratiques sexuelles différentes, sectarisme religieux. Comme pour les figurines, on reconnaît le style d’Adam Elliot, attaché à parler de personnages cassés par la vie, des handicapés du bonheur, des assoiffés de tendresse et d’affection. A ces délaissé de l’amour et de la joie, il donne cependant une espérance et une vraie libération pour sortir de leurs coquilles de détresse.

Magali Van Reeth

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