De nombreuses adaptations cinématographiques de l’œuvre de cet immense écrivain avaient déjà vu le jour, mais ce long métrage de Georg Maas et Judith Kaufmann livre son secret dans son superbe titre allemand Die Herrlichkeit des Lebens : la splendeur de la vie. Ce biopic romantique et dramatique relate l’histoire d’amour et de résilience entre Franz Kafka et Dora Diamant.
KAFKA LE DERNIER ETE de Georg Maas et Judith Kaufmann. Allemagne/Autriche, 2024, 1h39. Avec Sabin Tambrea, Henriette Confurius, Daniela Golpashin, Manuel Rubey.
Critique de Chantal Laroche Poupard, SIGNIS France
Dora Diamant, d’origine polonaise, est animatrice pour enfants ; elle répète des pas de danse sur une plage de la mer Baltique. Franz Kafka, venu dans cet endroit pour soigner sa tuberculose la voit. Il tombe amoureux d’elle. Dora accepte avec résilience cet amour qu’il lui offre et malgré la maladie dont il souffre, elle lui donnera tout son amour jusqu’ à son dernier souffle.
Si tout s’oppose à cet amour, que ce soit la terrible maladie de Franz ou la mainmise du père de celui-ci sur sa vie, il ne peut se passer d’elle et profite de chacun des instants qui lui restent à vivre.
Le scénario a un seul but, peindre ce dernier été ainsi que l’amour vécu par cet immense écrivain de langue allemande, né à Prague. Franz Kafka l’auteur taciturne et sinistre dont on connaît surtout les affres et les frustrations est ici métamorphosé en un homme aimant que seule Dora parvient à faire sourire.
A ses côtés il se remet à écrire et semble livrer les secrets intimes de son écriture : »si je devais écrire ma vie, je garderai que le plus petit le plus anodin ». Lorsqu’elle semble morose la vie conserve toute sa splendeur si l’on y croit, il n’est jamais trop tard pour la contempler car »Le bonheur est fait de peu de choses ». Tandis que son ami le plus proche, l’écrivain Max Brod, auquel on doit la publication de son l’œuvre, lui propose d’envoyer ses écrits à un éditeur, l’immense auteur Kafka considère qu’il n’arrive à rien et que ses écrits ne sont que des brouillons. Les réalisateurs Georg Maas et Judith Kaufmann révèlent ici la face cachée de cet être si peu sûr de lui, sensible et passionné.
Tact et pudeur sont perceptibles dans le jeu des deux acteurs principaux : la sublime Dora interprétée par Henriette Confurius avait été révélée dans le film La Comtesse de July Delpy et le superbe Sabin Tambrea dans le film Ludwig II où il interprétait le rôle de Louis II de Bavière.
Le paysage de ce dernier été au bord de la mer Baltique nourrit l’amour de ces deux êtres avant que la maladie ne rattrape Franz dans leur appartement glacé de Berlin, le conduisant tout droit au sanatorium. Dora le rejoint et prend soin de lui avec une immense résilience jusqu’à la fin. L’affiche du film est bouleversante tandis qu’ils vont chacun dans un sens opposé, elle vers la vie, lui vers la mort.
Chantal Laroche Poupard