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BARBES LITTLE ALGERIE d’Hassan Guerrar

Déambulation dans un quartier populaire de Paris où un homme apprend à dépasser ses rancœurs et à ouvrir son cœur. Un hommage au vivre ensemble au-delà des différences culturelles et religieuses.

BARBES LITTLE ALGERIE d’Hassan Guerrar. France, 2024, 1h33. Avec Sofiane Zermani, Khalil Gharbia, Adila Bendimerad.

Critique de Magali Van Reeth, SIGNIS France

En ouverture du film, on est intrigué par ce bel homme au regard mélancolique. Il vient d’emménager à Barbés, un quartier populaire de Paris où vit une grande communauté d’origine maghrébine. Il a l’air plus à l’aise en Français qu’en Arabe. Qui est-il et pourquoi laisse t-il sonner son téléphone sans décrocher? Aux premières rencontres, on penche pour un récit dénonçant les violences policières. Et puis non, Malek, le personnage principal, dans l’espace si particulier des semaines covid, entre confinement et couvre-feu, masques et gestes barrière, va apprendre à dépasser de vieilles rancunes et ouvrir son cœur, au contact de la bienveillance de ses voisins.

Les confinements et restrictions de déplacements, liés à la pandémie de covid en 2020 et 2021,ont plongé chacun de nous dans un huis clos exceptionnel, parfois anxiogène, parfois porteur d’histoires romanesques. Pour son premier long-métrage, le réalisateur Hassan Guerard, place son récit dans ces moments si étranges où on se déplaçait surtout mentalement. Malek, entre deux confinements stricts, explore son nouveau quartier où il retrouve sa communauté d’origine, ces Algériens qu’il évitait soigneusement depuis de nombreuses années.

Il va aussi être bousculé par l’arrivée imprévue de son neveu, Ryad, à la naïveté confondante, comme l’agneau prêt à être immoler. Appuyé sur une savoureuse ribambelle de personnages à forte personnalité, le film est un mélange réussi de comédie, grâce à l’humour des situations et des répliques et de drame inéluctable, comme un rappel des relations difficiles entre la France et l’Algérie.

Evitant certaines maladresses des premiers films et certains clichés des films français, Barbès Little Algérie trouve son propre ton et nous touche par sa franchise. L’association d’aide aux plus démunis qui organise des distribution de nourriture, où travaillent de nombreux musulmans, a pour siège une église catholique, et pour le film, les vrais bénévoles ont fait de la figuration.

Parmi les acteurs, le célèbre rappeur Sofiane Zermani donne à Malek toute son intériorité et sa retenue, d’autant plus remarquable qu’il est entouré de personnages plus hâbleurs. La comédienne algérienne Adila Bendimerad, comme Clotilde Coureau et Eye Haïdara, incarnent de belles figures féminines.

Sans militantisme ni leçon de morale, le film fait l’éloge du vivre ensemble, non pas dans une harmonie béate et hors sol mais où, dans l’espace restreint du voisinage, chacun dignement s’efforce de sourire et de penser à l’autre. Par delà les différences culturelles ou religieuses, la bienveillance est une valeur est universelle mais dépend de chacun de nous.

Magali Van Reeth

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