Dans ce film d’animation, l’enfance de Frida Khalo est racontée avec un graphisme coloré, évocation subtile des tableaux et dessins de l’artiste mexicaine. Entourée par sa famille, la fillette apprend à dépasser la maladie et le handicap pour toujours rester du côté de la vie.
HOLA FRIDA d’André Kadi et Karine Vézina. Canada/France, 2024, 1h15. Film d’animation, à partir de 6 ans. Festival international du film d’animation d’Annecy 2024.
Critique de Magali Van Reeth, SIGNIS France
Frida Khalo est devenue une artiste incontournable des vendeurs de cartes postales et des boutiques de souvenirs pour touristes, dont les œuvres originales sont déclinées (ou détournées) en pochettes, foulards, porte-clés, chiffons pour lunettes ou bijoux de pacotille. Si son nom est connu, sa vie et et surtout son enfance le sont moins. S’appuyant sur l’ouvrage, pour le jeune public, de Sophie Faucher illustré par Cara Carmina, Je m’appelle Frido Khalo chez Casterman, le duo de réalisateurs reprend l’idée de se centrer sur l’enfance de Frida, pour en montrer la force de résilience et le rôle de l’art pour dépasser le handicap.

C’est au départ une enfance joyeuse avec un père photographe et ouvert aux idées modernes, une petite sœur taquine et une mère aimante mais soucieuse d’élever sa fille dans le respect des usages. Frida a toujours des fleurs dans les cheveux, des vêtements de couleurs vives et elle aime courir, grimper aux arbres et dessiner. Jusqu’au jour où la maladie vient l’envelopper, ouvrant le film sur une dimension onirique où le dessin plonge le spectateurs dans les rêves et les cauchemars de Frida.
De nombreuses séquences sont directement inspirées des tableaux ou croquis de l’artiste, notamment celles du cœur qui bat, ou menace de ne plus battre. Mais aussi du symbolisme mexicain et indigène autour des nuages, du style graphique, des animaux légendaires et de la fête des morts où la famille va manger sur les tombes des disparus pour mieux communier avec eux.

Dans cette mise en scène intelligente et luxuriante, les dialogues sont saupoudrés de mots en espagnol, sans que cela gêne la compréhension. Au contraire, ils participent à l’authenticité de l’évocation de la ville de Mexico au tout début du 20° siècle. Ainsi, sur le marché, où se côtoient les vêtements à l’européenne et les jupes traditionnelles ornées de motif zapotèques. Les fruits, les légumes et les plats sont désignés par leur nom vernaculaire et ils en sont encore plus appétissants.
Au-delà de l’évocation d’une artiste célèbre, Hola Frida est une belle leçon de résilience face à la maladie, l’histoire d’une enfant soutenue par sa famille pour dépasser son handicap et les réticences d’une société. Et un très beau film d’animation dont l’éclat des couleurs et la diversité des formes est un hommage à la Vie : Viva la vida, comment l’écrit Frida Khalo sur une tranche de pastèque dans un tableau de 1954.
Magali Van Reeth