A la suite d’une tempête en mer, un jeune adolescent échoue sur la plage d’une île en apparence déserte. Le récit d’une belle aventure où l’enfant, en découvrant un monde nouveau, apprend à mieux connaître et respecter son environnement.
LE ROYAUME DE KENSUKE de Neil Boyle et Kirk Hendry. Grande-Bretagne/Luxembourg/France, 2021, 1h25. Film d’animation, à partir de 7 ans. Sélection officielle Annecy 2023.
Critique de Magali Van Reeth, SIGNIS France
Célèbre thème de la littérature romanesque, l’île déserte où échouent les naufragés, a toujours une grande puissance fictionnelle. S’appuyant sur le roman éponyme de Michael Morpurgo, les réalisateurs adaptent au cinéma et en images, cette aventure contemporaine. Michael part pour un grand voyage en bateau avec ses parents et sa grande sœur. Très vite, on voit que c’est encore un jeune adolescent indiscipliné, un peu égoïste et n’en faisant qu’à sa tête. Survient une tempête où il ne respecte pas les consignes de sécurité, il tombe à la mer et se réveille sur une plage au pied d’une haute falaise.
En racontant sa découverte d’un milieu d’abord hostile où cet enfant des villes doit se débrouiller pour survivre, puis sa rencontre avec un naufragé bien plus ancien que lui, Michael perd son aplomb et apprend peu à peu à respecter ce jardin d’Eden construit avec une infini patience par son sauveur, Kensuké. Une rencontre au-delà d’un langage commun mais essentielle pour survivre et s’ouvrir au monde qui l’entoure.
La force du film, notamment pour le public adulte, est le superbe graphisme qui met le récit en images. Les réalisateurs ont opté pour un style d’animation artisanal (par opposition à un dessin uniquement numérique) qui permet de laisser transparaître une émotion plus fine, avec un style vraiment unique. On est sous le charme de la beauté de ces dessins. Que ce soit l’élégance des cadres pour le bateau, les tonalités subtiles de l’aquarelle pour rendre l’immensité de la mer et du ciel, les coloris luxuriants de la végétation tropicale de l’île ou simplement la diversité des corps et des visages des personnages.
A la différence de nombreux films pour jeune public, la dimension écologique ne se réduit pas à mettre en scène des animaux trop proches des humains. Ici, crabes, goélands, singes, chien ou coléoptères ont un véritable comportement animal. Ils ne parlent pas, les oiseaux gobent des insectes (voire plus), les poissons se mangent entre eux et tous craignent les humains. Et lorsqu’on veut les approcher, il faut d’abord apprendre à respecter leur comportement et à les rassurer.
Le Royaume de Kensuké est un beau film d’aventure et de découverte, une belle leçon d’ouverture et de respect de l’autre, à voir en famille.
Magali Van Reeth