Lors d’une compétition internationale de judo, le gouvernement iranien fait pression sur une de ses athlètes pour qu’elle renonce à concourir. Co-réalisé par une Franco-iranienne et un Israélien, le film est un bel acte de collaboration artistique et fraternelle dans un univers politique très violent.
TATAMI de Guy Nattiv et Zar Amir. Géorgie/Etats-Unis, 2023, 1h43. Avec Arienne Mandi, Asg Goldeh, Zar Amir. Mostra de Venise 2023, sélection officielle.
Critique de Magali Van Reeth, SIGNIS France
Avec l’équipe nationale iranienne, Leila Hosseini est arrivée à Tbilissi en Géorgie pour participer aux championnats du monde de judo. Elle a laissé à Téhéran un mari, un petit garçon, ses parents et tout un groupe d’amis qui suivent en direct ses combats à la télévision. Sur place, elle retrouve d’autres athlètes, avec qui elle a crée des liens amicaux au cours des compétitions précédentes, dont une judokate israélienne. Leila a entièrement confiance en Maryam, son entraîneur (joué par la coréalisatrice du film) mais lorsque cette dernière reçoit un appel de la fédération pour demander à Leila de se retirer de la compétition, le tournoi de judo se transforme pour Leila et pour Maryam en une mise à mort où chacune doit décider comment sauver sa peau…
Le récit de ces quelques jours de compétition est filmé par Todd Martin avec un très beau noir et blanc, où la lumière creuse les visages et donne une ambiance sombre, rendue encore plus étouffante par le format carré de l’architecture de la halle des sports, comme une immense cage où se déroule les compétitions et les pressions sur Leila et Maryam. La mise en scène, après une première partie classique d’introduction et des premiers combats sur le tatami, fait monter la pression. Chacun alors, sur les tapis de judo, dans l’assistance ou au sein de l’organisation, au téléphone en Iran ou seule avec sa conscience, doit prendre une décision qui engage sa survie, son avenir.
Sorti en France dans l’effervescence des jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, Tatami rappelle les dangers que courent parfois les athlètes venus de pays sous régime totalitaire, et de la pression qu’elles subissent lors d’événements sportifs internationaux. Mais parce que le film a été écrit, réalisé et produit conjointement par des personnes d’origine iranienne et israélienne, il est un symbole puissant de fraternité et d’unité.
Magali Van Reeth