MédiasLes Chroniques CinémaL'ETOILE FILANTE de Dominique Abel et Fiona Gordon

L’ETOILE FILANTE de Dominique Abel et Fiona Gordon

Sur un ton burlesque et dans une fausse ambiance de film noir, mais en couleur, l’histoire d’un homme poursuivi par son passé : une délicieuse fantaisie de cinéma, teintée de mélancolie.

L’ETOILE FILANTE de Dominique Abel et Fiona Gordon. France/Belgique, 2023, 1h38. Avec Fiona Gordon, Dominique Abel, Kaori Ito, Philippe Martz

Critique de Magali Van Reeth, SIGNIS France

L’action se passe à Bruxelles, dans un bar de quartier aux rares habitués, ou dans une ancienne maison d’éclusier. Chaque personnage tâche de vaquer à ses occupations : Boris tente d’échapper à son passé d’activiste, Tim à sa surdité, Dom à sa dépression, Fiona à son penchant pour la boisson pendant que Kayoko doit gérer ce bistro désuet. En arrière plan des tracas quotidiens de chaque personnage, le brouhaha de la colère monte de la rue, l’hôpital est un désastre et même au cimetière, on ne peut pleurer en dehors des heures d’ouverture.

Danseurs tombés dans le cinéma, les réalisateurs Fiona Gordon et Dominique Abel, ont dès le début trouvé un style très personnel pour raconter des histoires en dansant. Non pas une suite de chorégraphies mais une fluidité poétique donnant toute sa place au corps des acteurs, à leurs gestuelles et leurs expressions. S’appuyant sur des décors minimalistes et très graphiques, des couleurs très expressives et des comédiens au physique inhabituel, ils tirent le fil d’un scénario improbable, au déroulement captivant et plein d’humour.

Comme dans leurs précédents films, dont La Fée (2011) ou Paris pieds nus (2017), sous l’apparente allégresse des couleurs et du ton burlesque, la mélancolie pointe son nez. Si L’Etoile filante met en scène le corps souple de ses personnages, toujours capable de résister aux tempêtes et aux coups de feu, elle laisse aussi voir leurs âmes en peine et la possibilité d’une réparation.

Magali Van Reeth

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