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DEUX SŒURS de Mike Leigh

Entre violence et tendresse, les relations familiales et les inter-actions sociales sont un champ d’observation fascinant pour le réalisateur britannique, surtout lorsqu’il met au centre du récit un personnage hors de contrôle.

DEUX SŒURS de Mike Leigh. Grande-Bretagne, 2024, 1h37. Avec Marianne Jean-Baptiste et Miochel Austin.

Critique de Magali Van Reeth, SIGNIS France

1996 Palme d’or à Cannes pour Secrets et mensonges, avec déjà Marianne Jean-Baptiste dans le rôle principal, Mike Leigh signe son 14° longs métrages, Hard Truths pour le titre original. Dans un joli quartier d’une grande ville britannique, Pansy habite un pavillon moderne et lumineux, avec son mari et son fils. Très vite, on se rend compte du décalage entre cet environnement apaisé et la colère de Pansy. Elle semble ne rien supporter, ni une miette sur la table, ni un oiseau dans son jardin, ni la présence des autres en général.

Sans doute est-elle en pleine dépression ou autre maladie mentale mais il n’y aura pas de confirmation clinique. On rit des sorties hargneuses de Pansy tout en étant mal à l’aise devant tant de colère, tant de souffrance. D’autant plus que sa sœur Chantelle est, au contraire, toujours de bonne humeur, tendre et attentive avec les autres. Comme souvent dans ces films, Mike Leigh met les relations familiales, et sociales, au cœur de son récit. Pourquoi chacun réagit différemment ? Peut-on s’extraire de son milieu ? Et jusqu’à quel point le mal être de chacun est lié à sa place dans la société ?

Il n’y aura pas dans le film de retournement imprévisible ou de scène spectaculaire, sauf peut être celle de deux hommes essayant de descendre une lourde baignoire en fonte dans un escalier étroit… L’intrigue principale est centrée sur la vie de gens ordinaires, ceux qu’on croise tous les jours et sur le mal être perpétuel de Pansy. Ce parti pris de Mike Leigh n’altère en rien la formidable prestation de Marianne Jean-Baptiste, et des acteurs qui l’entourent. Bien sûr, on ne peut ignorer que tous les personnages ou presque sont noirs, à commencer par la famille de Pansy et Chantelle mais aussi tous ceux qu’elles croisent et avec qui Pansy va entrer immédiatement en conflit. En cela, le film tranche avec les habitudes de la cinématographie européenne, posant un autre regard sur nos sociétés contemporaines, diverses et colorées et multiculturelles.

Magali Van Reeth

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